L’éventail de Lady de Winter – 2006

d’après Oscar Wilde | Mise en scène de Bernard Novet

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la pièce

Roses rouges, roses blanches…

« Nous ne devons plus jamais être séparés… Oh Arthur, allons à Selby ! Dans le jardin des roses, à Selby, les roses sont blanches et rouges ! » – Margaret de Winter

Sur le point de fêter son anniversaire dans le bonheur le plus parfait, la toute jeune maman Margaret de Winter apprend que son mari, Arthur de Winter, brillant homme d’affaires, entretient une liaison très coûteuse avec une femme dont toute la société semble connaître les turpitudes et la petite vertu. Sous le coup de l’émotion, elle prend la décision de quitter le foyer et d’aller se réfugier chez Darling, un ami de la famille qui ne cesse de la courtiser depuis des années. Ce faisant, elle prend sciemment le risque de ruiner son mariage, et d’abandonner son enfant …

Dans sa fameuse “Ballade de la geôle de Reading”, très poignant texte de 1898, publié à peine quelques mois après sa sortie de deux ans de travaux forcés, Oscar Wilde écrivait : “La douce terre de Dieu est plus douce qu’homme ne sait; la rose rouge y fleurirait plus rouge, et plus blanche la rose blanche… Mais rose rouge ni lactée ne peut fleurir dans l’air d’une prison !”
A l’image de le la rose blanche, symbole de la pureté d’un coeur purifié, et de la rose rouge, vibrante du sang de la souffrance mais aussi de l’amour, c’est une Margaret de Winter transfigurée qui apparaît à la fin de la pièce, prête à cueillir son destin, enfin sauvée de l’enfer de ses bonnes intentions et du fardeau de la morale dont l’avait chargée son éducation d’orpheline…
Il lui aura fallu s’approcher dangereusement du gouffre qui l’attendait, et où d’autres avant elle étaient tombées, pour réaliser tout ce qui sépare, dans le jardin victorien de l’Angleterre d’alors, les fleurs des épines, l’apparence et la bonne morale, de la vérité et de l’amour.

« Et toujours, entendre le rire, l’horrible rire du monde… » – Madame Erlynne

Quelques temps après avoir écrit sa “Ballade”, Oscar Wilde quittait l’Angleterre pour Paris, où il devait mourir d’une méningite en 1900…

Bernard Novet, Extrait du papillon

Ecrite en 1893, « L’Eventail de Lady Windermere » est la première comédie d’Oscar Wilde à avoir été présentée au public. En effet, un premier texte dramatique (« Vera et les nihilistes »), présentant une tragédie politique, fut interdite de représentation en 1881. La Compagnie Des Deux Masques a choisi de déplacer l’intrigue de la pièce de la fin des années 1800 aux années 1930, d’où la légère adaptation du titre.
Drôle, brillante, cruelle, « L’éventail » réunit une pléiade de personnages en un tourbillon qui, l’espace d’une nuit de bal, mènera la jeune et ingénue Lady Windermere au bord du gouffre…

Ce qu’en disent les editeurs

« Il y a une ironie amère dans notre façon de classer les femmes en deux catégories, les vertueuses et les immorales.  » Lady Windermere, qui ignore tout de Mrs Erlynne, avouera-t-elle à son mari qu’elle a cru adultère ce que faisait son éventail chez Darling ? Mrs Erlynne, qui s’est accusée faussement de l’y avoir oublié, livrera-t-elle ses raison ?  » Parler, c’est revivre tout cela à nouveau. Les actions sont la première tragédie de la vie, les mots sont la seconde ! Les mots sont peut-être la pire. Les mots sont sans pitié.  » Chacune pourtant gardera son secret, l’une parce qu’elle est innocente, l’autre amorce qu’elle est sa mère. La discrétion est une ascèse que Wilde oppose à l’hypocrisie cachottière que pourrait symboliser l’éventail.

Sacrifice maternel et frivolité mondaine. Une pièce qui traite de la « relativité du sens moral ». Un jaillissement de paradoxes qui fait de l’œuvre une « comédie du meilleur Wilde »

Qui est Madame Erlynne, femme libre, d’une grande beauté et de mœurs que l’on dit légères ? Comment a-t-elle à ce point pu tourner la tête de Lord Windermere, jeune époux que l’on croyait amoureux, mais qui lui fait des visites quotidiennes et dépense pour elle de fortes sommes d’argent ? Et cette pauvre Lady Windermere qui ne se doute de rien… Mais dans cette société londonienne du XIXe siècle, il se trouve rapidement une bonne âme pour lui rapporter la réalité de ces agissements scandaleux. Pour sa première comédie, Oscar Wilde, a choisi de décrire dans le détail les us et coutumes d’une aristocratie vaniteuse et vaine qui occupe ses journées en commérages de bas étages, en mondanités futiles et tractations acharnées sur les conditions dans lesquelles on cédera ou non la petite dernière dans le cadre d’un mariage arrangé et fructueux.

L’éventail de Lady Windermere est surtout l’occasion pour Oscar Wilde de donner au public la mesure de son talent et de son anticonformisme. Plus que l’histoire elle-même, qui est d’ailleurs la photographie d’une époque et d’un milieu tout à fait passionnante du point de vue historique, ce sont tous les bons mots, les aphorismes, les petites phrases cyniques et assassines que Wilde y glisse qui font l’intérêt de cette pièce. – Joël Fompérie

Oscar Wilde (1854 – 1900)

Fils d’un chirurgien et d’une poétesse très engagée politiquement, Oscar Fingal O’Flahertie Wills Wilde fait d’abord de brillantes études à Dublin – la ville de sa naissance – puis à Oxford, où il termine premier de sa promotion.
En 1878, il reçoit le prix Newdigate, pour son poème “Ravenne”, et devient bientôt la figure emblématique du mouvement de l’Art pour l’Art.
Wilde s’installe à Londres en 1879 : séduisant, raffiné et subtil, il est fêté dans toute l’Angleterre. Il développe rapidement sa théorie de l’esthétisme et donne des conférences sur ce thème aux États-Unis en 1882. Il devient rédacteur en chef de “The Womans’ World”.
Deux ans plus tard, Wilde épouse Constance Lloyd qui lui donnera deux fils, Cyril et Vyvyan.
C’est en 1891 qu’il rencontre Alfred Douglas et que devient connue son homosexualité. Rapidement, son étoile se ternit. Condamné après avoir attaqué pour diffamation le père de son ami, Wilde voit la société anglaise se retourner contre celui qu’elle a admiré, et ce malgré les succès de ses pièces les plus populaires, “Un mari idéal” et “L’importance d’être constant”.. Wilde est condamné en 1895 à deux ans de travaux forcés pour “actes indécents”. Des extraits du “Portrait de Dorian Gray” seront utilisés alors contre lui…
Libéré en 1897, il quitte l’Angleterre pour la France…
Commence alors une période de déchéance dont il ne sortira pas vraiment. Malgré l’aide de ses amis, il finit ses jours dans la solitude. En 1900, Oscar Wilde meurt en exil volontaire à Paris, probablement d’une méningite. Il a 46 ans.
Il est enterré au cimetière du Père Lachaise, à Paris.

Quelques perles

DARLING: Cette femme a de la pureté et de l’innocence. Elle a tout ce que nous autres hommes avons perdu.
JAMES ROYSTON: Merci pour nous …
BOB GRAHAM: Au nom du ciel, qu’est-ce que nous autres ferions de la pureté et de l’innocence ? Une boutonnière bien assortie fait beaucoup plus d’effet.

MADAME COOPER: James, savez-vous si Berkeley sera des nôtres ce soir ?
JAMES ROYSTON: Je ne vois vraiment pas ce que vous lui trouvez, à ce Berkeley…
MADAME COOPER: Il danse divinement bien. D’où peut-être l’indifférence que lui portent les joueurs de bridge …

DUMBY: Les femmes sont de petites choses hors de prix.
JAMES ROYSTON: Hélas, l’une ne va pas sans l’autre… Même le bridge reste plus raisonnable, finalement…

EDOUARD: Vous pouvez rire, mais c’est une chose exceptionnelle de rencontrer une femme qui vous comprenne tout à fait.
JAMES ROYSTON: Vous êtes bien chanceux…
DUMBY: C’est surtout terriblement dangereux. Cela finit toujours par un mariage.
JAMES ROYSTON: Dans ce cas, mieux vaut encore perdre aux cartes !

Distribution

Margaret de Winter …. Florence Favez
Peter …. Raymond Vernez
Darling …. Gaspard Amiet
Duchesse de Berwick …. Danielle Martin
Cathy Carlisle …. Anne-Valérie Ebinger
Arthur de Winter …. François Langer
Richard Dumby …. Samuel Ebinger
Annabelle Sutton …. Claudia Gueissaz
James Royston …. Georges Pittet
Jackie Cooper …. Catherine Novet
Caroline Jedburgh …. Lucienne Dematraz
Louis Berkeley …. Elisário Souza Netto
James Hopper …. Joerg Hau
Taxi …. Edmond Périsset
Edouard Lorton …. Roberto Chavaillaz
Bob Graham …. Cédric Rigoli
Laura Morgan …. Nicole Arnaud
Madame Erlynne …. Eliane Barbey
Patricia …. Sophie-Caroline Cottier

Technique et autour

Décors … Pierre-André Nicole et Bernard Novet
Peintures … Florence Pugliese
Régie lumière … Pierre-André Nicole
Régie son … Daniel Grand
Mise en scène … Bernard Novet

La Presse

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